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Crainte, trac, effroi, angoisse, panique, terreur, frisson, anxiété, appréhension… Quelle forme de peur vous touche le plus ? Je mets ma main à couper que vous saisissez aussi bien que moi les différences, parfois subtiles, existant entre chacune de ces manifestations de la peur dans nos vies. Parce que, que nous le voulions ou non, nous les avons toutes rencontrées et les croisons parfois au quotidien… Pour autant que je sache, c’est rarement pour le plaisir. Mais qu’en faisons-nous vraiment ?

Le Petit Robert définit la peur comme : « un phénomène psychologique à caractère affectif marqué, qui accompagne la prise de conscience d’un danger réel ou imaginaire, d’une menace ». La plupart du temps, l’apparition de la peur entraîne une réaction d’évitement. Chacun son style, mais la plupart tentera de s’y soustraire ou de la fuir, tandis que d’autres resteront paralysés face à la menace ou que d’autres encore l’affronteront en mode : « ça passe ou ça casse ». Tous auront réagi face à la peur. Mais combien d’entre eux auront eu la présence d’esprit, le sang-froid, l’audace d’aller voir ce qu’elle cache ? Car, le plus souvent, nos peurs ne sont plus reliées à des dangers réels pour notre survie… Alors, qui osera traverser l’écran de fumée de la peur pour accéder au mécanisme qu’elle verrouille, à la croyance limitante qu’elle fixe, à la zone de développement qu’elle nous empêche d’atteindre ?

Petit détour chez les Audacieux

Certaines tribus étranges en ont fait leur spécialité, comme la faction des « Audacieux » dans l’univers de « Divergentes ». Si vous avez des ados à la maison, vous avez certainement entendu parler de cette saga reposant sur une société divisée en cinq factions : les « Erudits », les « Fraternels », les « Sincères », les « Altruistes » et les « Audacieux ». Chaque faction est composée de membres enrôlés en fonction de leur personnalité. Et l’unité de chaque faction est intimement liée au nom qu’elle porte : « Chez les Audacieux, le courage est la forme la plus haute de sagesse. La reconnaissance que la vie peut et devrait être vécue sans peur »*. Aussi chaque aspirant est-il amené à passer une épreuve lui assurant, ou non, sa place dans la faction. Chez les audacieux, le principe est simple : « Tu connais l’expression ‘affronter ses peurs’ ? Ici, on l’applique au pied de la lettre. La simulation  va t’apprendre à maîtriser tes émotions dans le cadre d’une situation génératrice de peur. Outre le fait que le sérum contient un neurotransmetteur, il stimule le complexe amygdalien qui traite les émotions négatives comme la peur ; et il induit une hallucination. L’hallucination se poursuit jusqu’à ce que tu te calmes. Autrement dit jusqu’à ce que tes battements de cœur ralentissent et que tu contrôle ta respiration ».

Divergeons !

Ça semble vite dit, mais, pourtant, l’essentiel est là. La peur est une émotion. Son apparition n’est pas contrôlable. Elle avertit l’organisme d’un danger et le prépare à y réagir. Le corps se met en état d’alerte, prêt à agir, et l’attention se fixe sur cette menace. Rien de tel pour réagir de manière appropriée. Petit détail, mais qui n’est pas sans importance, la peur se focalise sur l’avenir : elle appréhende le danger avant qu’il ne se produise. C’est là sa force, mais c’est également sa faiblesse. Parce que nous pouvons passer notre vie à nous faire peur sans qu’il y ait réellement un danger. Nous pouvons imaginer que le pire nous arrive… sans que cela ne se produise jamais. L’inquiétude peut nous ronger de manière telle que nous ne sommes plus en mesure d’agir. Et là, la peur ne remplit plus sa fonction. Bien que l’apparition de la peur ne soit pas contrôlable, ce que nous en faisons l’est. Et il y a, certainement, moyen de mieux bénéficier de cette formidable énergie.

Merci ma peur

Qui n’a jamais eu le trac avant de devoir parler en public ? Qui n’a pas peur de dire ‘non’, surtout à quelqu’un qui représente l’autorité ? Qui n’a jamais eu peur d’échouer ? Qui n’a jamais ressenti un petit point d’appréhension à l’idée d’exprimer le fond de sa pensée ? Et demander quelque chose à quelqu’un, faire valoir vos droits, affirmer votre valeur, dire tout haut vos cinq principales qualités, c’est facile, pour vous ? Ces peurs-là sont facultatives. Elles ne nous prémunissent pas d’un danger réel, mais bien d’un danger imaginaire. Ou, plutôt, d’un danger que nous avons ressenti étant enfant et qui est resté avec le temps. Elles sont devenues automatiques. Elles ne sont plus nécessairement aussi utiles qu’auparavant. Rien n’empêche de leur dire « au revoir » et de les observer avec un regard neuf. Nous ne sommes pas prisonniers de nos peurs. Soyons audacieux. Traversons le mince écran de fumée qu’elles représentent. Nous découvrirons, pas à pas, un nouvel univers enthousiasmant. Comme disait Quatre : « Le but n’est pas de se débarrasser de toutes ses peurs. C’est une illusion. Le but est de les contrôler, d’apprendre à ne plus les subir »*. Et puis, l’audace, c’est comme un muscle : plus on l’entraîne, plus c’est facile.

Appliquez au quotidien les trois conseils suivants, et dites m’en des nouvelles. Parce que même si cela semble aussi insurmontable que gravir l’Everest, ces quelques petits pas pourraient, franchement, vous changer la vie.


Trois conseils pour dompter sa peur

Restez paisiblement au contact

La peur déclenche un évitement, un rejet. Pourtant, elle existe et nier cette existence la renforce, comme quand on essaie de s’empêcher de penser à quelque chose : cela peut devenir obsédant. Alors, restez paisiblement au contact de cette peur. Regardez-la, observez-la, apprivoisez-la. Habituez-vous à sa présence. Cela la rendra, paradoxalement, moins présente…

Aimez-la

Cette peur n’est pas apparue par hasard dans votre vie. Quand vous étiez enfants, elle vous a protégé de situations difficiles. Et elle vous protège encore, même si vous n’en avez plus besoin, puisque vous avez grandi. Alors, remerciez-la de vous avoir protégé jusqu’ici. Observez-la avec tendresse et compassion pour vous-même. Aimez-la… et écrivez-lui !

Laissez-la s’exprimer

En général, dès l’apparition du signal d’alarme, on réagit. La peur n’a pas le temps, alors, de remplir correctement sa mission et reste présente, en coulisses. Comme prête à resurgir. Laissez-la s’exprimer. Ne résistez pas et laissez-la prendre tout l’espace de votre corps, en interne. Laissez-la vous faire frissonner de la tête aux pieds. Laissez-lui remplir sa mission jusqu’au bout. Et puis, vous constaterez, après 15,20 ou 30 secondes, que la peur disparaît. Elle n’est plus là. Partie, évaporée, pfffuit ! C’est étonnant. Vous pourrez alors agir… sans peur !

* Divergente 1. Veronica Roth. Nathan. 2014.

Et vous, que ressentez-vous ? Comment avez-vous mis mes conseils en pratique ? Qu’est-ce que ça a changé dans votre vie ? Vos commentaires sont les bienvenus !

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